Chapitre 3

 

La taille de la mine

   
La taille de la mine est une fonction essentielle pour le bon déroulement de la réalisation de l’œuvre. Avant tout, on doit veiller à ce que l’état dans lequel se trouve la mine est adapté à la manière dont on va l’appliquer sur le papier. Sinon il se crée des parties saillantes qui vont agresser le papier et risquer de l'arracher à sa surface.

C’est pour cette raison que lorsque je réalise un aplat et que le crayon est normalement taillé, j’effectue de petits mouvements rotatifs tout en faisant tourner régulièrement le crayon dans ma main afin que la mine s’use de façon uniforme et sans parties saillantes, (contrairement à un large mouvement de va-et-vient qui est instinctif pour couvrir une grande surface)
   
   

Exemple de petits mouvements rotatifs
pour couvrir des aplats.

Contre exemple :

mouvements rectilignes en va-et-vient

 
Pour un détail spécifique, on peut donner une forme à la mine qui facilitera sa réalisation.
 
Taille en pointe

avec le taille-crayon mécanique
pour de très petits détails.
Crayon neuf Taille en biseau

au cutter pour les détails linéaires.
La mine s'use moins vite qu'en pointe.
     
 
Pour effectuer un trait fin, pourquoi tailler la mine en biseau plutôt qu’en pointe ?
C’est une question de contact avec le papier.

Explication à l’aide de schémas :
 
Taille en pointe :

La surface de contact est égale à un point.

Cette surface augmente
rapidement à cause de l'usure.

         
   
Taille en biseau :

La surface de contact est égale à un segment.

Taille adaptée aux détails linéaires.

 

Une astuce permet de prolonger la finesse originelle du biseau en évitant une retaille systématique

Si l’on applique le crayon taillé en biseau à la quasi verticale du papier, on obtiendra une usure normale par élargissement de la surface de contact avec le papier, comme pour une pointe. En revanche, si l’on applique le crayon en position franchement oblique et que l’on effectue après chaque passage une rotation de 180° sur le crayon, l’usure de ce dernier contribuera à entretenir le taille originelle du biseau.

 
 
 

Ces explications schématiques sont volontairement exagérées pour une compréhension plus aisée.

On voit donc l’intérêt de cette astuce mais qui ne peut être utilisée que dans une certaine limite car la mine finit tout de même par atteindre une usure qui ne peut plus être exploitée.

Le plus souvent j’utilise ce que j’appelle une taille intermédiaire entre la taille en pointe effilée (qui agresse le papier) et le biseau.

Je taille tout d’abord la mine en pointe puis je frotte l’extrémité sur un papier en donnant une forte inclinaison, ceci sur un seul côté ou sur les deux côtés opposés de la mine. Cela donne un petit biseau en évitant qu’il soit trop large.
Ainsi, cette taille intermédiaire permet aussi de réaliser de petits détails ponctuels tout en gardant les avantages du biseau.

Avec l’expérience, on arrive à ressentir à chaque instant le comportement de la mine envers le papier. On peut notamment percevoir le moment où elle commence à agresser le papier parce que des parties saillantes se forment.
Il suffit alors de la frotter sur une feuille pour adoucir ces angles néfastes.