Mona Lisa
53 x 77 cm
 
 
Mona Lisa
 
 
     
 
     
 
     
 
 

Under the skin, une mine "à cœur ouvert" (une digression surréaliste)

 

L'acte chirurgical se fait entre corps perçu (la vision en surface) et corps figuré (la vision au travers). C'est un procédé ciselé à la pointe et épluché du bout des doigts, une intervention surréaliste.
Le sujet n'est pas M (Mona) mais P (Patrick), on le trouvera sous des voûtes plus profondes, d'autres épaisseurs. Il faut découvrir l'ouverture. Le professionnel est à la fois le patient, l'explorateur, le décolleur à la cime de la feuille.
Une question de perspective sur la chair, l'épiderme, les entrailles du papier en filigrane. L'attention ne porte plus exclusivement sur le médium, mais sur la nature transversale, ouverte, du support, le champ de vision.
Alors que les pigments nutritifs prenaient jusqu'à maintenant toute la place, scrutant le corps du support, occultant tous ses pores, le spécialiste sonde dans cette opération l'organisme, ses extrémités, ses tissus, ses galeries du passé.
Il soulève délicatement la peau, «skin», pour observer dessous, l'ouvre soigneusement, taille, dédouble, déchire une première pellicule. Il révèle une matérialité intangible, un espace-temps de l'autre côté, un corps sans corps, vivant, impalpable et pourtant à portée de main. Nos regards s'évitent d'abord pour finalement se croiser. On s'enfonce « la main au collet », en territoire convenu, on le suit dans les coulisses du Louvre.

 



 

M-O-...- A : Le sujet n'est pas M (Museum Of Modern Art) mais N comme Mona, qu'il a dans la peau. Il épelle une identité, entend avec les yeux mille autres échos dans les feuillets ; le dehors devient dedans.
Jusqu'où les mines indiscrètes vont-elles creuser ?
Songent-elles à recoller les plaies béantes, à recouvrir les résurgences ?
Épris de vertige, le praticien titube...
Les recherches et prélèvements s'interrompent. La Muse de Léonard, à fleur, à plutôt belle mine !
En cas de froissures, de plis, de vibrations intérieures, de surgissements du passé, consultez immédiatement... Haroun TAZIEFF ! La secousse est garantie à vie.
L'acte artistique se transmet du passé vers le futur et vice versa, tel un temps circulaire qui fait renaître la Joconde au 21ème siècle. Un souffle d'air fait d'odeur de cire et de crayons vient emplir les poumons d'une momie récalcitrante.
L'artiste reste joueur, il épluche, réinvente le temps, ses dédoublements pluriels l'incarnation d'un instant, un double je(u), un monde transitoire entre deux parenthèses où les temps coexistent simultanément, se révolutionnent.
« Le passé est altéré par le présent autant que le présent est dirigé par le passé » (ELIOT).
 
Marie-Hélène BARREAU MONTBAZET
Vice-présidente de Maecene Arts
Docteur en histoire de l'art